UN «COLLÈGE» SUR LES HAUTEURS DU ST‑LAURENT
SAINT‑DAVID
1952‑1961
UNE DÉLÉGATION REMARQUÉE
La délégation qui arriva devant l'Institut Ste‑Marie, en ce froid samedi de janvier 1952 fut très remarquée. Une poignée de messieurs bien mis sortirent d'un long autobus de couleur jaune lumineux. Sur les côtés on pouvait lire en grosses lettres noires: Commission Scolaire St‑David. Ces hommes déterminés, c'étaient les commissaires d'école, avec, en tête, leur Président M. Mastaï Alain, suivi de MM Philadelphe Robitaille, Dollard Robitaille, Arthur Dussault, Wilfrid Bégin et, pour veiller à tout, le secrétaire‑trésorier, M. Léon‑Paul Gagnon.
ON VEUT DES FRÈRES
Sachant que le Provincial des Marianistes, le P. Resch était en visite au Québec à ce moment, ils venaient plaider leur cause : des Frères pour leur toute nouvelle école en construction. Et pas n'importe laquelle. Cette équipe venait de réussir, 10 ans avant le temps au Québec, une opération de centralisation scolaire y compris le ramassage par autobus des élèves du Quartier St‑Laurent au bord de l'eau, du Canton Gravel, de la rue Commerciale et de la Trans‑Canada de l'époque. Même les gens du Petit‑St‑Henri, aujourd'hui Route des Îles, suivirent le mouvement.
Et cette école porterait pompeusement le nom de «Collège» St‑David. Elle rivaliserait de grandeur avec l'école des filles appelée Académie. Forte de son pouvoir de persuasion, la délégation repartit avec un oui mitigé, mais un oui quand même; car il fut décidé, sans autre engagement, d'envoyer deux religieux
pour la rentrée scolaire, alors que les commissaires en voulaient au moins trois.
DÉCEPTION AU COMBLE
C'était déjà trop beau, car, lisons‑nous dans les annales de la Communauté, «le 29 août leur déception était au comble quand le Père François Jacq, Supérieur de l'Institut, leur annonça qu'on ne pouvait leur envoyer aucun religieux. L'un des deux qui avaient été désignés venait de rentrer dans sa famille, et ce n'était pas conforme à nos Constitutions d'envoyer un Frère seul. Le soir même, le Président, M. Alain convoqua les Commissaires et tous vinrent à St‑Anselme faire pression afin de leur céder au moins un religieux, alléguant le motif que le Frère ne serait pas seul en demeurant à quelques milles, au noviciat de la Villa Chaminade et qu'il pourrait voyager avec l'autobus scolaire. Leur proposition fut acceptée et le Frère Lionel Labrecque fut désigné pour St‑David.»
DÉBUTS DIFFICILES
La rentrée eut lieu mardi le 2 septembre 1952 dans l'ancienne école près du Poste à incendies. «Les débuts ne furent pas très faciles; batailles entre élèves, détériorations de l'école, courses aux vergers avoisinants apportèrent maintes plaintes. Tout cela surtout parce qu'il n'y avait aucun endroit pour jouer, sauf dans la rue. Dès que les jeux organisés commencèrent dans un champ voisin, l'esprit changea beaucoup. Pendant tout le mois de novembre, les élèves gelèrent car le système de chauffage était défectueux. Quand les froids de décembre arrivèrent, il fallut bien se décider à faire des réparations...»
ENFIN, LE «COLLÈGE»
Le 22 décembre, les élèves, les professeurs, le concierge et quelques commissaires participent au déménagement dans le nouveau «Collège» où les cours commencèrent le 12 janvier 1953: «cinq classes étaient occupées, groupant un total de 96 élèves de la 3e à la 9e année.» |
|
|
UN SOLEIL QUI ARRIVE À POINT
Le dimanche, 12 avril, les annales rapportent que l'abbé Marius Papineau, curé de la paroisse a procédé à la bénédiction des locaux en présence d'une foule considérable. «Les allocutions terminées, le public fut invité à visiter les salles de classe. À ce moment, le soleil apparut dans toute sa beauté : du coup, ceux qui avaient été
hostiles à la construction de cette école furent convertis et certains même allèrent s'excuser auprès des commissaires pour leurs sottises passées.» Ainsi était lancé dans l'harmonie le «Collège» St‑David, sous la responsabilité des Marianistes.
CINQ FRÈRES DU COUP
Cette fois, pour la rentrée scolaire 1953, les Frères sont bien présents en nombre avec comme Directeur, nul autre que le pionnier de St‑Anselme, le Frère Joseph Provencher revenu tout droit de St‑Boniface où il était retourné enseigner. Le titulaire de la 7e année est le Frère Lionel Labrecque, ouvrier de la première heure, la 6e est confiée au Frère Fernand Bibeau, la 5e au Frère Dominique Martineau et la 4e au Frère Raymond Boutin.
UNE ARRIVÉE ORIGINALE
Partis de St‑Anselme, les Frères font leur entrée à St‑David le 24 août à bord du camion de l'Institut qui transporte aussi tout leur «ménage». «Mlle Joséphine Bégin, notre cuisinière nous prépare les repas. Comme nous n'avons pas encore de résidence, nous avons loué une petite maison appartenant à M. Maximilien Lemieux au 8 de la rue Bourassa, tout près de l'église. Notre demeure est si petite et les portes aussi, qu'il faut entrer nos bureaux par la fenêtre du deuxième étage.»
SOMMES‑NOUS LES BIENVENUS?
«Le dimanche venu, les Frères se placent tous au choeur en surplis. M. le curé n'a pas l'habitude de faire d'annonces au prône. Il n'a donc pas parlé de nous. Cela ne signifie pas que nous ne sommes pas les bienvenus!» A l'ouverture des classes, 120 élèves se sont présentés. M. Jean‑Marie Demers, un laïc, est titulaire de la 3e année.
LES CADETS DÉMARRENT
La création la plus importante de l'année fut la mise sur pied du corps de cadets sous la direction du Frère Lionel Labrecque. Lors de l'inspection de la fin de l'année, les résultats furent remarquables.
UNE RÉSIDENCE TRÈS APPRÉCIÉE
L'année suivante, les Commissaires mettent enfin en chantier sur la falaise tout près du «Collège» la résidence promise à la communauté. Commencée le 20 septembre 1954, les Frères y déménagent avec grande satisfaction le jeudi saint 7 avril suivant. «Nous quittons 8 rue Bourassa pour 1 rue Robitaille sans regrets, bien que nous y ayons passé de très heureux moments. M. Josaphat Morin, notre détaillant de la Laiterie Fortier, vient nous aider avec son camion. Il n'accepte que deux dollars pour son après‑midi de gros ouvrage.»
La nouvelle résidence, avec une capacité de 8 chambres est une maison spacieuse, claire et attrayante, avec une vue imprenable sur le fleuve et la ville de Québec. Dès le printemps il est question d'aménager un tennis dans le rocher à l'arrière. Les Frères le réaliseront peu à peu y compris en faisant des travaux de dynamitage et de terrassement.
UN PROJET EN OR : CRÉER UNE PATINOIRE
À l'école, sous la direction du Frère Lionel Labrecque et en remplacement du Frère Provencher et avec le Frère Roger Audet comme nouveau venu, les 147 élèves participent à diverses activités dont la fanfare qui en attire plus d'un. L'hiver venu, il faut descendre au pied du long escalier pour aller à la patinoire d'Hadlow Cove. À quand la patinoire près de l'école? Dès l'automne 1955 «un comité pour organiser la patinoire» est mis sur pied. Tout est à faire mais pratiquement sans ressources financières. Les Frères occupent leurs samedis au projet. Les élèves sont tout heureux de participer aux corvées. «35 bandes neuves dans un après‑midi : record parfait. André Gagnon fait un gros travail avec sa scie mécanique... le temps passe. On travaille au cours de soirées. Nous terminons le peinturage la veille de la Toussaint. Nous serons prêts à recevoir le lettreur. M. Ernest Couture fait un travail magnifique pour $4.00 par bande.
«ON S'ENTHOUSIASME»
Le projet ne laisse pas indifférent : « Grand enthousiasme des gens de la paroisse pour la patinoire!. Samedi, le 19 novembre, nous essayons de poser le plus de bandes possible. La terre est gelée et il fait très froid; nous travaillons jusqu'à 6 heures. Du 21 au 24, nous finissons par les soirs de poser les bandes. La terre est tellement gelée qu'il faut faire un feu à chaque endroit où nous devons poser les piquets. Le 25, les pompes de la Municipalité sont venues commencer l'arrosage... Le trois décembre, on patine enfin. Le lendemain, grosse tempête: 8 pouces de neige! Les bandes sont à moitié remplies mais le soir suivant, il n'en restait plus une trace sur la patinoire grâce au travail des élèves. M. Marcel Martineau
reçoit le contrat pour le système d'éclairage. La soumission est de $1700,00. Nous n'attendions pas pareille aubaine!»
AU JEU
Pendant ce temps, une ligue de hockey est mise sur pied, et il faut trouver l'équipement pour les joueurs. «Le 20 janvier, inauguration officielle de la patinoire; de nombreuses personnalités sont présentes. Les parents peuvent enfin voir jouer leurs enfants dans un accoutrement complet. Enthousiasme de tous!»
ALPINISME ET VICTOIRE
Au cours des années suivantes, jusqu'aux travaux d'aqueduc de 1958, l'approvisionnement en eau pour la patinoire causera encore bien des soucis. Il faut descendre prendre l'eau à la rue St‑Laurent au bord du fleuve. Mais il y a les problèmes de gel du boyau installé dans le cap, si bien qu'à chaque arrosage, il faut faire un travail d'alpiniste dans la falaise pour aller se brancher à la borne‑fontaine et redescendre s'assurer que le tuyau est bien vidangé à la fin. Mais les résultats de tous ces efforts en valent la peine: le sport est à l'honneur, les jeunes de St‑David défendent fort bien leur réputation à l'extérieur, et la renommée du «Collège» grandit.
C'est avec des projets comme celui‑là que les Marianistes, en étroite collaboration avec leurs élèves et les parents ont réalisé à St‑David leur tâche d'éducateur en se rappelant le vieil adage: une âme saine dans un corps sain.
LOISIRS SAINS
On pourrait parler aussi des séances de cinéma y compris Tintin mis sur bande sonore par les Frères, au cours des fins de semaine des saisons mortes, et des activités de bricolage en plus, bien sûr, des Cadets et de la Fanfare avec leurs nombreuses heures de pratique. Puis, quelle joie de «défiler dans les rues de St‑David, en haut et en bas de la côte, et de s'arrêter aux endroits voulus faire le salut général aux commissaires et au président.» Quelles belles parades pour célébrer le 350e anniversaire de Québec, le centenaire de Lévis avec un défilé de 4 milles, les sorties à Bienville, Lauzon, St‑Romuald, puis du côté de la campagne à St‑Nérée, Buckland... Pour nous retremper dans ce beau milieu de vie où les Frères accomplissaient une tâche éducative et souvent bénévole sept jours par semaine, regardons ce que le Père Rosaire Côté qui a oeuvré à St‑David en 1956‑57 avant de partir pour le séminaire écrivait à ce moment. Quel contraste entre le Saint‑David rural d'hier et ce qu'il est aujourd'hui :
ENVOLÉE SUR ST‑DAVID
Un village situé près du fleuve n'est pas comme un autre perdu au milieu des terres. Il faut avoir vécu quelque temps au bord de l'eau pour deviner ce qu'est le Saint‑Laurent pour les gens de Saint‑David, jeunes et vieux. Le fleuve est comme un grand album d'images qui se renouvellent sans cesse. L'eau qui passe, la marée qui monte et descend, les bateaux qui circulent depuis les paquebots qui s'arrêtent majestueusement jusqu'aux «gaouiches» des pêcheurs et promeneurs, les usines, les trains, les travaux qui remplissent les deux rives d'une activité continuelle, même le vol lent des goélands ou le passage rapide des canards et outardes au printemps et à l'automne, les champs de glace en hiver... on ne se lasse pas de regarder tout cela. Les fenêtres des classes deviennent des livres de géographie et d'histoire qui complètent merveilleusement les manuels...
Au milieu de ce décor grandiose, riche de souvenirs et de promesses d'avenir, Saint‑David dresse fièrement son clocher. (Ce clocher très élevé fut emporté par le vent en 1969.)
Dans les campagnes en dehors du village, la rivière Bourassa (nom local de la rivière à la Scie), se faufile paresseusement entre une série de collines boisées. C'est le rendez‑vous des «familiers de la nature», des amateurs de grands jeux et d'excursions. Rares sont les localités qui offrent un paradis, d'accès aussi facile, pour les ébats de la jeune population.
L'hiver, la cour du Collège abrite une des plus belles patinoires des environs. Cette année, le Club Étoile de la classe «Pee‑Wee» a remporté le championnat de la Rive Sud, battant Charny, Lévis et Bienville, et a failli mériter celui de l'Est du Québec, ce qui a permis d'augmenter le nombre de trophées qui ornent l'entrée de l'école : entre autres les trophées du concours de français, du dévouement, des musiciens, du tir des cadets... Ils furent admirés dernièrement par Maurice Richard accompagné de Michel Normandin. Signalons aussi le passage l'automne dernier de Jean Béliveau, et au commencement de juin, de l'honorable Yves Prévost, secrétaire de la Province; tous se sont déclarés enchantés
de l'organisation et des succès du Collège.
Il y aurait encore bien long à dire sur d'autres centres d'intérêt: la pêche à l'éperlan, la carrière, la quarantaine, les caps, le château, la chapelle Saint‑Joseph, les parades, la Croisade, la JEC...
Et que dire du Collège, bientôt trop petit pour loger ses 150 élèves actuels, répartis en sept classes depuis la troisième jusqu'à la dixième année?
Oui, bientôt, il faudra agrandir et augmenter le personnel enseignant... Au delà de ces horizons matériels, il en est encore de plus beaux qui gardent les Marianistes enthousiastes à leur travail. Car ce n'est point par hasard qu'ils ont été appelés en cet endroit privilégié.
Ils sont, ils s'efforceront d'être les dignes soldats de celle qui «regarde avec amour sur les bords du grand fleuve».
RESPONSABILITÉS ET DON DE SOI
De paisible village à mentalité rurale, St‑David progresse vers l'urbanisation en dépassant le cap des deux mille cinq cents habitants. Le Frère Lionel Labrecque note en 1959 : «L'indifférence de l'étranger vis‑à‑vis Saint‑David n'est plus un fait; pour s'en rendre compte, il n'y a qu'à remarquer la quantité de nouveaux venus qui viennent s'y établir chaque année, accroissement qui donne plus d'un souci aux autorités locales. Par bonheur, pour faire face à ce rapide développement, de solides équipes d'administrateurs avertis, dans les différents corps publics, ont entrepris la lourde tâche de doter leurs co-paroissiens d'organismes et d'institutions dignes de tous éloges.
Grâce à la bienveillante attitude des gens, pour tout ce que nous entreprenons, il est réconfortant de se sentir ainsi appuyé et il nous fait plaisir de toujours faire davantage pour les enfants, mais dans un but éducatif évidemment. Aussi, espérons‑nous en venir à occuper les loisirs de ces jeunes à l'année longue; nous y parvenons déjà pendant près de huit mois, mais il nous reste encore l'été. Ce sera bientôt chose réalisée : une O.T.J. sera créée à l'entrée de la «Quarantaine animale» pour juillet.
Chaque saison nous apporte de grandes possibilités de loisirs dirigés; par les beaux samedis d'automne, il n'y a rien de plus apprécié que ces excursions dans les bois parfumés, les marches à la boussole à travers bois et les pratiques de camouflage là où la
nature s'y prête.... Quand le soleil de mars vient annoncer le trépas des patinoires, le Collège déborde d'activités de toutes sortes, en dehors des heures de classe. Confiés à des mains expertes, les intéressés viennent le vendredi soir et le samedi s'initier à toute une série de petits travaux de précision et d'adresse tels que la pyrogravure, le travail du cuir repoussé, le modelage, le découpage, etc., apprenant ainsi à se rendre utiles dans plusieurs domaines. Mais, sur semaine, aux récréations du midi, ne pénétrez pas dans la salle de récréation si vous n'êtes pas durs d'oreille car trompettes, clairons, xylophones et tambours sont à l'oeuvre et chacun essaie de faire plus de vacarme que son voisin; c'est ainsi qu'une quarantaine de jeunes musiciens s'entraînent pour les parades de l'été, quand ils iront porter à l'étranger l'honneur de leur Collège et de leur paroisse...
Ce que nous voulons en définitive, inculquer à tous nos élèves, par l'entremise de nombreuses petites responsabilités qu'ils doivent assumer, c'est le don de soi, unique remède efficace à cette plaie qui rend tant de nos jeunes abouliques, l'égoïsme. Aussi, espérons‑nous qu'en travaillant à inculquer d'une façon constante et méthodique, cette habitude du don de soi, nous préparons ainsi pour la génération de demain, des hommes généreux, qui ne craindront pas d'assumer des responsabilités sociales.»
DES NOMS ET DES SOUVENIRS
Au cours des années, les Frères se succèdent à l'enseignement. Ainsi, en 1955 arrive le Frère Alphonse Leclerc. L'année suivante le Frère Raymond Boutin est remplacé par le Frère Rosaire Côté pour un an; mais c'est en l957 qu'il y a eu le plus de changements: la communauté est portée à sept avec l'arrivée des Frères Claude Labrecque, Gilbert Gosselin, Gabriel Laroche, Eugène Côté et François Boissonneault. Ce dernier part pour le séminaire l'année suivante et le Frère Roger Audet pour le Manitoba d'où arrive le Frère Jean‑Marie Larochelle. La même année, le Frère Gustave Lamontagne fait un séjour d'un an avant son séminaire. En 1959, on trouve de nouvelles figures. Les Frères Martin Lamontagne, Joachim Breton et Normand Audet, ainsi que Fernand Bibeau de retour. En 1960, le Frère Lionel Labrecque, pionnier et pivot central de St‑David part aux études et est remplacé comme Directeur par le Frère Fernand Bibeau, tandis que les nouveaux venus, les Frères Gilbert Gosselin et Joseph André forment le corps professoral avec les Frères Joachim Breton, Martin Lamontagne et Normand Audet.
CONSENTEMENT PÉNIBLE
L'année 1960 marque le début de la Révolution tranquille au Québec ainsi que des réformes profondes dans le système d'enseignement. La ville voisine, Lévis, qui recevait déjà les élèves de 10e année de St‑David se prépare à accaparer tout le secondaire. C'est le commencement de la fin pour la présence marianiste. Dès le 12 février 1961, la situation apparaît assez évidente pour la Communauté déjà à court de personnel qui ne voit pas la possibilité de rester à St‑David pour s'occuper uniquement des classes du primaire. Elle en fait part aux responsables de la Commission scolaire. Après une réunion sans doute pénible, les annales mentionnent: «Enfin, les Commissaires consentent à nous voir partir. Il reste maintenant à mettre les parents au courant.»
DES COEURS DÉCHIRÉS
C'est ce qui fut essayé le 7 mars en présence de l'Inspecteur St‑Jacques, des Commissaires et des Professeurs. «Les langues commençaient à s'échauffer. À la fin, les gens sont partis fâchés. Il faudra une autre réunion pour mettre les choses au point... Mgr Audet, informé de la nouvelle du départ des Marianistes dit que c'est une déchirure à son coeur.»
DÉPART REGRETTÉ
Le 13 avril, le journal Le Soleil publie la nouvelle sous le titre: «Les Frères Marianistes vont quitter St‑David.» On y mentionne en particulier: « Cette décision fut prise après beaucoup de réflexion et c'est avec beaucoup de regret que l'on se séparera de la population de St‑David et de la Commission Scolaire de l'endroit avec lesquelles les Frères ont toujours eu des relations amicales... Pour remplacer les Frères on engagera un Directeur et six professeurs laïcs qui prendront la direction et la charge de l'école des garçons de St‑David dès le mois de septembre. La Commission Scolaire regrette beaucoup ce départ, mais elle ne peut empêcher cette communauté de se lancer dans l'enseignement secondaire qui ne se donnera plus à St‑David...»
SOIRÉE D'ADIEU
Ainsi, tout était consommé! Le 18 juin 1961, c'est la soirée d'adieu: «Réunion des anciens avant le départ des Frères. Les Frères Provencher, Labrecque, Boutin et la communauté étaient présents. La soirée était organisée par le Club des 21 (Genre de début d'Amicale). Au programme, un mot par un ancien, Jean
Gallichand, ensuite remerciement par le Frère Bibeau, quelques diapositives sur la vie au Collège, buffet froid suivi d'une allocution du Président de la Commission Scolaire, M. Dollard Robitaille, un mot de M. le Vicaire Jules Vallée et nous terminons par notre hymne national.»
Le 29 juin, après la fin de l'année scolaire et des corvées de correction, les annales mentionnent : « Lentement, nous nous mettons au déménagement et nous mettons ordre dans nos classes respectives.»
HUIT ANS DE LABEUR
Puis, on entreprend, avec le même camion de l'Institut Ste‑Marie qui avait transporté les Frères et leur bagage 8 ans auparavant, le déménagement vers St‑Anselme. «La cave se vide enfin... nous transportons aussi le matériel de la chapelle et nous fermons définitivement la maison de St‑David.» Et c'est ainsi, sûrement le coeur gros, que les Marianistes quittèrent St‑David, conscients d'y avoir donné le meilleur d'eux‑mêmes.
|