LES RELIGIEUX MARIANISTES
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Les Marianistes ont été fondés à Bordeaux en 1817 par le Père Guillaume-Joseph Chaminade. Né en 1763, le dernier d’une famille de 13 enfants, il opta pour la prêtrise à l’exemple de trois de ses frères dont un Jésuite, un Récollet et un prêtre de la congrégation de Saint-Charles. Exilé en Espagne au cours de la Révolution française, il passa trois ans à Saragosse, près du sanctuaire de Notre-Dame del Pilar, où il mûrit la manière dont il désirait travailler pour aider ses compatriotes à retrouver son sens religieux, lorsqu’il pourrait revenir en France. Dès son retour d’exil, il se tourne vers les jeunes, car «parce que la Révolution a éloigné du christianisme de nombreux adultes, il faut repartir à zéro». De ces groupes de jeunes, sortiront deux communautés religieuses : Les Filles de Marie Immaculée (1816) et les Marianistes (1817). |
Les Marianistes sont une communauté religieuse où vivent ensemble des frères prêtres, des frères enseignants et des frères ouvriers. Ces trois catégories ont la même mission : l’éducation de la foi avec comme devise la parole de la Vierge Marie à Cana qui, s’apercevant qu’il n’y a plus de vin, dit aux serviteurs de la noce : «Faites tout ce qu’Il vous dira». Leur œuvre est donc universelle et missionnaire.
LES NEUF DERNIÈRES ANNÉES du BIENHEUREUX CHAMINADE
Du 7-8 janvier 1941 au 22 janvier 1950
Résumé d’une conférence à la famille Marianiste, à St-Anselme, le 7 juin 2009. Rosaire Côté, SM
Introduction. Notre Fondateur, le Bienheureux Chaminade, est mort 3 mois avant d’avoir 90 ans.
Il n’a été au lit que 12 jours, à demi paralysé, mais conscient jusqu’au bout. En 1841, il était encore très actif et prévoyait régler sa succession quand son Conseil, entraîné par un de ses membres, nouvellement nommé pour un bref intérim, a provoqué une crise qui ne s’est dénouée que par sa mort.
En résumé : Trois années « normales » très actives, janvier 1841 à février 1844.
Deux années de conflit entre Chaminade et son Conseil, février 1844 à octobre 1845
Cinq années de complète mise à l’écart par le nouveau Supérieur général.
I – En janvier 1841, le Père Chaminade désire se décharger davantage sur son Conseil de la gestion de la Société de Marie. Elle compte alors 27 communautés, 215 religieux dont 19 prêtres. Tout se passe très bien On attend la réponse du juge choisi pour régler hors cours une affaire de réclamation de dette, affaire prise en charge par le Conseil.
II – La sentence du juge tombe en février 1843 : le Conseil doit s’acquitter de la dette. Le Père Chaminade croit le moment alors venu de se démettre du Généralat et de nommer son successeur, comme prévu par les Statuts et les Constitutions. Mais le Conseil, s’oppose, mené par le nouveau venu, habile et influent, disant que Chaminade n’est plus Général depuis janvier 1841 et qu’on doit tenir un Chapitre général.
Chaminade résiste et il est dans son droit. Il craint que la fondation que Dieu lui a inspirée ne tombe entre des mains indignes d’autant plus que viennent d’être connus de nouveaux abus sexuels de l’opposant principal, commis sur des jeunes gens du noviciat central. Les autres membres du Conseil semblent fermer les yeux. Le fautif promet à Chaminade de démissionner, mais il n’en fait rien. Chaminade craint pour l’avenir de l’œuvre !
Le principal membre du Conseil, seul, à l’insu de Chaminade et sans que celui-ci puisse s’expliquer, demande à l’Archevêque de soumettre au jugement de Rome la soi-disant vacance du généralat. Ce qui est fait.
C’est qu’ un Mémoire confidentiel, écrit par l’opposant meneur du Conseil, et signé par les autres, calomnie très méchamment le Père Chaminade, le présentant comme un incapable de toute gestion, à cause de ses déficiences naturelles de toujours, dit-il, et de son état présent de retour à l’enfance. Il ne faut même pas, ajoute-t-il, entrer en communication avec lui, car il est très rusé pour vous retourner et s’accrocher au pouvoir.
Envoyé aux Évêques connus de Chaminade et au Nonce à Paris, ce mémoire fut pris au mot par eux tous ! Et même aussi par Rome, sans autre information sur Chaminade lui-même. La Congrégation pour les Religieux demande la tenue d’un Chapitre. Chaminade proteste. La décision étant subreptice (obtenue de façon déloyale), donc illicite, rend illégitime le Chapitre, convoqué pour octobre 1845. Mais on intercepte ses messages ; le Chapitre se tenant au loin, Chaminade est complètement isolé.
III – Les religieux venus au Chapitre voulaient réélire Chaminade, mais ils en furent empêchés par des manoeuvres subtiles ou autoritaires. Le principal membre du Conseil fut élu nouveau Supérieur général et sera reconnu par Rome en janvier 1846. Le Père Chaminade l’accepte avec foi et vénération.
Chaminade n’est plus Général, certes, mais il a une forte conscience d’être toujours le Fondateur. Pour rendre toujours plus sainte la Société de Marie dont il reste le Fondateur, il souhaiterait rester proche de son nouveau Supérieur. Mais, très ombrageux, le nouveau Général le tient à l’écart. Il le confine à sa chambre et le coupe entièrement de tout contact avec l’extérieur. La plupart des Frères n’étaient pas au courant de tout ce qui se passait ou s’était passé, mais tous restaient convaincus de la grande sainteté de leur Fondateur.
Conclusion. Chaminade a vécu le reste de sa vie dans un isolement presque total. On lui permettra, un certain temps, de se rendre au noviciat. Il prie longuement, son crucifix à la main, et écrit des Mémoires pour s’expliquer auprès même du Saint-Père. Ce sont ces écrits, et ceux de ses adversaires qui ont été repris et analysés plusieurs fois, et soumis à Rome pour les procès canoniques de sa Cause. Sa vertu héroïque tout au long de sa vie et surtout au cours de ses 10 dernières années fut reconnue et proclamée.
Sa Famille religieuse a presque doublé en ces dix années de souffrances. Elle a échappé plusieurs fois à d’autres dangers au cours de son histoire. La Famille Marianiste d’aujourd’hui souhaite retrouver la foi et le courage apostolique de son saint Fondateur pour une action missionnaire adéquate dans notre monde actuel !